Filière forêt-bois en Bretagne : quel avenir dans 10 à 15 ans ?

forêt bretonne

La filière forêt-bois en Bretagne représente plus de 15 000 emplois non délocalisables sur lesquels planent toutefois des inquiétudes dans 10 ou 15 ans. La cause ? Une baisse flagrante des efforts de plantation.

Les caractéristiques de la filière forêt-bois en Bretagne

La forêt, l’activité de transformation et les marchés découlant de son exploitation constituent trois maillons, à la fois interdépendants et complémentaires. Ainsi, le bois coupé dans les forêts bretonnes permet d’alimenter en bois les outils de transformation que sont par exemple les scieries.

A lire également : Vente de métaux chez un ferrailleur : astuces et prix du marché

Le produit de cette transformation est ensuite exploité par trois marchés :
l’emballage bois : palettes, cagettes, etc
le bois construction : charpentes, maisons en bois, etc
le bois énergie : bûches, plaquettes forestières, pellets, etc.

Le massif forestier

Même si la couverture forestière est sensiblement inférieure à celle la moyenne nationale, la région dispose tout de même d’une grande quantité de bois sur pied, environ 67 millions de mètres cube.

A voir aussi : Job de rêve : comment trouver un travail en Bretagne ?

Cette ressource renouvelable est constituée 74% de feuillus et 26% de résineux. Pourtant, alors qu’ils ne représentent qu’un quart de la surface, ces derniers produisent à eux-seuls 80% du bois breton, soit 670 000 m3, contre seulement 170 000 m3 pour les feuillus.

Les scieries

On compte en Bretagne une soixantaine de scieries qui sont dimensionnées à l’échelle de la ressource forestière locale. Ainsi, elles se retrouvent confrontés à un marché européen et mondial dans lesquelles elles font figure de « Petit Poucet ».

A titre d’exemple, la plus grande scierie bretonne exploite 47 000 m3 de bois chaque année, soit 7 fois moins que son homologue de l’Est de la France (350 000 m3). Un chiffre encore plus petit si on le compare au million de m3 de la plus importante scierie d’outre-Rhin.

Pour autant, les acteurs bretons tirent leur épingle du jeu, en particulier grâce à des investissements très lourds réalisés ces dernières années afin d’accroître leur compétitivité.

Les débouchés

Historiquement, les transformateurs bretons sont bien positionnés sur le marché de l’emballage, en particulier des palettes.

Toutefois, ils ont également su profiter de l’engouement qu’a connu la construction bois. En effet, jusqu’en 2015, une maison sur 12 en Bretagne est réalisée en bois. Un marché qui a toutefois connu une baisse en 2016, dans un contexte national dévissant de 20%.

Enfin, la vente de bois énergie reste dynamique, malgré deux hivers doux. Il faut dire que le marché breton d’appareils de chauffage au bois est le plus important de l’Hexagone, représentant ainsi 8% du marché national pour ceux aux granulés et même 10% pour le bois-bûche.

Notons toutefois que malgré une offre suffisante, les acteurs du bois énergie en Bretagne ne s’approvisionnent qu’à hauteur de 40% de manière locale. Un chiffre qui chute à 30 % pour le bois construction.

Contradictions et avenir de la filière forêt-bois

Le massif forestier gagne du terrain en Bretagne, s’étendant au rythme de 1% par an. Mais derrière ce chiffre se cache un paradoxe, celui d’une possible difficulté à trouver du bois de qualité « bois d’oeuvre » en local d’ici à une décennie.

A cela, deux raisons :
Augmentation des « peuplements pauvres » : il s’agit de surfaces forestières dont l’intérêt est moindre pour la filière, du fait d’une mauvaise gestion ou d’un boisement spontané (et non géré) sur des terres agricoles qui ne sont plus exploitées. Ces peuplements pauvres représenteraient 25% du massif forestier breton.
Baisse des plantations : les massifs qui sont exploités aujourd’hui ont été plantés des années 1950 jusqu’en 2000, sous l’impulsion du Fond forestier national (FFN). Un ambitieux programme qui permit de réaliser de nombreuses plantations forestières. Mais depuis son arrêt, leur nombre a considérablement chuté.

A cela, il faut ajouter le fait que certains transformateurs ne jouent pas le jeu et exploitent la ressource sans se soucier de la pérennisation de l’activité.

Consciente des enjeux économies de la filière forêt-bois qui pèse pas moins de 15 000 emplois non délocalisables, la Région Bretagne a lancé l’an dernier « Breizh Forêt Bois », un plan ayant pour objectif le reboisement de 4000 hectares à l’horizon 2020. On en est cependant aujourd’hui bien loin puisque la surface reboisée n’est actuellement que de 400 hectares, en partie à cause d’un retard dans le versement des financements.

Toutes ces contradictions font finalement planer une ombre sur l’avenir d’une filière pourtant bien structurée et compétitive. Si le soutien de la Région est évidemment essentiel, la pérennité de l’activité forêt-bois en Bretagne passera inévitablement par une implication à d’autres échelles territoriales.